Les maisons : l’orientation, la façade et la charpente.

 

L’orientation et la façade des maisons

La façade à « pignon sur rue »

Au Moyen Âge, les maisons sont le plus souvent disposées pignon sur rue : en ville, « avoir pignon sur rue » distingue les gens ayant bonne fortune de ceux qui résident en arrière-cour.
Cette disposition de la maison reste en usage très longtemps, notamment dans les villages plus modestes. Il est loisible d’en découvrir des exemples à Rébénacq route de Laruns, place de la Bielle ou chemin Lagrave, certaines sont ainsi réalisées encore au début du XIXe siècle. On ne soucie guère de régularité : la porte est sur le côté et la fenêtre de l’étage n’est pas à l’aplomb de celle du rez-de-chaussée.

Maison pignon sur rue

Cette maison orientée pignon sur rue a été construite pour abriter une famille et la forge de serrurier (elle avait deux cheminées). Cette forge était accessible par l’escalier extérieur sur le côté. La répartition des ouvertures dans ce type de maison n’est souvent pas symétrique, la porte donnait généralement accès direct à la pièce principale.

 

La façade d’inspiration classique

Plus tard se répand une mode différente : le faîtage du toit est disposé parallèlement à la rue, le mur formant façade est le mur ‘gouttereau’ (qui reçoit l’eau du toit). Les châteaux royaux, puis seigneuriaux sont ainsi conçus pour présenter au visiteur un développement régulier et symétrique et donner à l’entrée plus de prestance. Diffusée notamment par différents manuels d’architecture ou par imitation, cette mode classique se répand peu à peu. Elle apparaît aux XVII-XVIIIe siècles dans les maisons bourgeoises des villes et villages béarnais et se généralise au début du XIXe siècle.

Bitaubé et maison de la place de la Bielle, façades symtétriques

Bâti sur une hauteur, le château de Bitaubé (photo de gauche) est construit vers 1775-80, il témoigne de l’appropriation de l’art classique par un riche négociant du XVIIIe. Place de la Bielle, malgré l’étroitesse des parcelles (photo de droite), la disposition ‘mur gouttereau’ sur la rue est souvent adoptée lors des reconstructions au XIXe , elle permet une répartition parfaitement symétrique des ouvertures, la porte donne désormais souvent sur un couloir central.

 

Rébénacq illustre bien cette diffusion du modèle classique. Le « château » de Bitaubé ou  la maison Claverie, tous deux édifiés au XVIIIe siècle, montrent que ce nouvel art de bâtir est alors prisé par les riches marchands. A la même époque, voire au tout début du XIXe siècle, des maisons d’artisans ou de journaliers sont construites encore avec leur pignon sur la rue selon la façon de faire d’origine médiévale.
Place de la Bielle, les maisons sont reconstruites essentiellement au XIXe siècle, la plupart se conforment à l’usage classique, même quand la parcelle est étroite ; il en résulte une certaine harmonie de cette place. Aucune de ces deux orientations de maison n’est « typiquement béarnaise » : selon les villes ou secteurs du Béarn, l’une ou l’autre disposition prédomine, selon l’époque de construction, l’aisance des propriétaires ou l’imitation des voisins, comme dans d’autres régions de France.

Denticules

L’inspiration classique se retrouve dans les corniches. Dans le piémont où les couvertures sont en ardoises, le décor recourt à des denticules, ils sont réalisés ici par une succession de cubes de bois. Ce type d’ornementation est emprunté à l’Antiquité.

Les reprises de construction

Une maison est rarement édifiée en une seule fois et les reprises ou extensions sont fréquentes. Les deux exemples ci-dessous montrent un changement d’orientation à l’occasion d’une reprise.

Extension de maisons

Photo de gauche : le premier édifice – ici vu de l’arrière – présentait le pignon en façade ; un corps de logis nettement plus grand a été ajouté, avec mur gouttereau en façade. Photo de droite : En 1869, les propriétaires de la maison de droite achètent la partie gauche, la reconstruisent puis déclassent la partie droite en bâtiment rural. L’ensemble est englobé sous un même toit, le trait jaune souligne la limite entre les maisons initiales.

 

La charpente et son ‘coyau’

Les charpentes traditionnelles reposent sur un chevron parallèle au mur, placé côté à l’intérieur. Pour le recouvrir le mur, un changement de pente du toit est nécessaire, c’est le coyau. Cette façon de faire consomme davantage de bois, ce qui est supportable dans les régions où cette ressource ne fait pas défaut ;elle était courante au Moyen Âge (on la retrouve dans les cathédrales). Une pièce de bois relie les deux pentes du toit, elle est disposée assez haut dans la charpente, ce qui dégage de l’espace disponible dans le grenier des granges.

Exemples de coyau

Le coyau est un changement de pente du toit pour couvrir le mur. A l’intérieur un triangle de liaison entre les chevrons des deux pentes du toit est reporté assez haut dans la charpente.

 

Une rupture se produit en Béarn dans la seconde moitié du XIXe siècle, avec l’adoption de la charpente à pannes. Cette modification s’était produite bien plus tôt dans le reste de la France, elle est plus tardive dans les pays de l’Adour (Béarn, Bigorre, Soule).